Affaire Benalla

« Que pensez-vous de l’affaire Benalla ? »

L’« affaire Benalla » a occupé le devant de la scène médiatique une bonne partie de l’été et de nombreux habitants m’ont interrogée sur ce dossier.

Concernant l’objet-même de cette affaire : au regard des faits, il apparaît bien sûr que l’attitude de monsieur Benalla lors des événements du 1er mai a été tout-à-fait critiquable – l’intéressé lui-même en a convenu – et méritait donc que les autorités judiciaires en soient saisies ; une information judiciaire a donc été ouverte mais il ne m’appartient évidemment pas d’aller au-delà et de m’ériger en procureur des faits qui sont reprochés à monsieur Benalla : je laisse, comme à mon habitude, la justice faire son travail avant que de porter un jugement définitif sur la responsabilité de l’intéressé et la lourdeur de sa faute dans cette affaire.

Concernant le fonctionnement de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale : cette commission constitue un outil au service de la fonction de contrôle parlementaire de l’action gouvernementale et n’est en aucun cas une juridiction ; si son fonctionnement est cadré par le règlement de l’Assemblée (désignation du Président et du rapporteur, composition…), cette commission bénéficie de pouvoirs d’investigation étendus et de moyens d’enquête larges sous réserve du respect du principe de la séparation de l’autorité judiciaire et des autres pouvoirs.

Or c’est bien là qu’est le problème : si les auditions souhaitées par toute commission d’enquête doivent permettre de mettre en lumière la vérité dans une affaire, elles ne doivent en aucun cas ni remplacer ni empiéter sur le travail de la justice dont c’est le rôle que de mener des entretiens individuels (et non pas publics) pour comprendre les responsabilités précises des acteurs impliqués.

Or les groupes d’opposition, pourtant parfaitement conscients de cette séparation des pouvoirs inhérente au fonctionnement même de nos institutions, ont au contraire cherché dans cette affaire à impliquer les plus hautes autorités de l’État alors-même que le déroulement des débats ne le justifiait pas : la commission d’enquête n’est pas une tribune politicienne ni n’a vocation à le devenir.

Le départ des députés de l’opposition de cette commission m’a davantage semblé tenir d’une scène de comédie politique que d’une réaction sincère face à une république qui aurait été bafouée…

Des rumeurs se sont accumulées concernant la situation de monsieur Benalla (sur son salaire, sur son logement, sur sa promotion…) ?

Elles se sont finalement avérées… fausses.

Des orateurs politiques ont suggéré l’existence d’une organisation secrète au service du Président qui aurait tout pouvoir sur les autorités de police ?

Les faits ont démontré qu’il n’en était rien.

J’approuve totalement les propos de notre Premier ministre qui a remis les choses à leur juste place en déclarant qu’ « une République exemplaire, ce n’est pas une République infaillible » et qu’ « une dérive individuelle ne fait pas une affaire d’État ».

L’origine de l’ « affaire Benalla » tient apparemment d’un dysfonctionnement individuel comme il en existe dans bien des organisations. Il n’est pas question de l’occulter : il est évidemment nécessaire et même impératif d’y remédier en mettant en place les modes de fonctionnement adéquats.

Si un tel fait n’aurait pas dû avoir lieu, j’en conviens volontiers, je ne cautionnerai pour autant jamais l’attitude de ceux qui privilégient dans la recherche de la vérité l’esprit de revanche à celui de responsabilité.

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