Quel plus beau symbole que d’être l’un des tous premiers métiers cités par les enfants lorsqu’on les interroge sur ce qu’ils souhaitent faire plus tard ?
« Pompier ! » répondent-ils ainsi souvent, les yeux émerveillés par le camion rouge ou la panoplie découverte au pied d’un sapin de Noël…
J’ai été invitée cet hiver à de nombreuses célébrations de la traditionnelle « Sainte-Barbe », fête durant laquelle les pompiers de chaque caserne, volontaires et professionnels, se réunissent pour affirmer la cohésion de leur groupe, rendre hommage aux blessés et aux disparus, et partager tout simplement un vrai moment d’amitié.
J’ai ainsi appris à mieux connaître leur engagement.
Leur engagement à consacrer du temps à des hommes et des femmes qu’ils ne connaissent pas, souvent au détriment de leur vie personnelle, professionnelle et familiale.
Leur engagement à porter secours en toutes circonstances, mais en subissant parfois eux-mêmes des agressions verbales ou physiques inacceptables.
Leur engagement à risquer leur propre vie pour en sauver d’autres, et ce sans rien en attendre en retour sinon la satisfaction du devoir accompli.
Car on l’oublie parfois mais plus des trois quarts de nos pompiers sont des bénévoles ! Près de 200 000 d’entre eux agissent ainsi quotidiennement aux côtés des 53 000 professionnels, civils ou militaires, pour protéger notre pays, secourir la population au quotidien mais également lors des crises majeures. Et avec la précarité grandissante de notre société, le vieillissement démographique, l’isolement et la dépendance qui s’ensuivent, le nombre de leurs interventions est en perpétuelle augmentation.
Pourtant, aujourd’hui, l’engagement volontaire s’érode.
Il devient ainsi difficile de préserver ce socle des 200 000 bénévoles nécessaires pour assurer la sécurité civile. D’abord parce que dans le contexte d’insécurité actuel, de nombreux corps « concurrents » recrutent les mêmes profils : la police, la gendarmerie, l’armée… ; ensuite parce que les sapeurs-pompiers sont eux-mêmes de plus en plus couramment victimes de violences ou d’incivilités qui peuvent décourager les vocations ; et enfin parce que, tout simplement, nous vivons dans une société où l’individualisme va croissant…
Conscient de ce phénomène, notre Ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a souhaité qu’une mission de réflexion envisage de nouvelles propositions ambitieuses pour refonder notre plan volontariat à destination des sapeurs-pompiers.
Sur ce sujet comme sur d’autres, il est en effet nécessaire de concerter largement, puis d’agir vite, avec bon sens et pragmatisme.
Relancer les vocations, fidéliser les volontaires, revaloriser leur engagement : les objectifs sont clairs et le rapport attendu d’ici la fin de ce mois.
Pourtant, face au pessimisme de notre société souvent mis en exergue, face à ceux qui disent que les français sont recroquevillés sur eux-mêmes et incapables de tendre la main sans contrepartie, les sapeurs-pompiers volontaires sont un magnifique contre-exemple.
J’ai notamment rencontré ces dernières semaines des jeunes engagés qui, au sortir de leur journée d’études, prenaient leur astreinte le week-end, avec l’abnégation propre à ceux qui s’engagent pour les autres, pour le bien commun et le bien-être de tous.
J’ai rencontré aussi de tout jeunes sapeurs-pompiers (JSP) qui, dès l’âge de 11 ans, consacrent leurs mercredis et leurs samedis à apprendre les gestes qui sauvent. Ceux-là n’ont qu’une hâte : rejoindre leurs aînés dans leur combat quotidien.
J’ai rencontré également des jeunes femmes, et même des jeunes filles attirées par cet engagement bénévole qui donne du sens à leur vie. Car si les effectifs sont encore majoritairement masculins, 16 % des sapeurs-pompiers sont aujourd’hui des femmes et cette part va grandissante.
Alors oui, bien sûr, nous devons nous montrer vigilants quant à l’avenir des sapeurs-pompiers et à la place très importante qu’y occupent les volontaires ; c’est pourquoi je serai attentive aux préconisations qui figureront dans le rapport remis dans quelques semaines au Ministre de l’Intérieur.
Mais je crois que nous pouvons aussi collectivement nous montrer optimistes lorsque nous constatons que ce corps, fort de ses magnifiques valeurs de dévouement, de courage et de solidarité, sait également évoluer et s’ouvrir progressivement à la féminisation et au rajeunissement de ses membres.