J’ai honte.
Honte de l’image que nous vous donnons.
Honte de ce que devient notre vie politique. Honte de ce climat où l’ambition personnelle, les clashs et outrances matin, midi et soir, les petits calculs d’appareil, la politique politicienne ont pris le pas sur l’intérêt général. Nous assistons à un effondrement collectif.
Et les Français, eux, n’en peuvent plus. Ils voient une classe politique qui se regarde le nombril, qui ne pense qu’à préserver sa place, qui se divise, qui trahit, qui oublie les réalités du pays, les attentes des Français, les menaces internationales… Cette honte, je la ressens d’autant plus que je crois encore à la Politique. A ce qui nous réunit. A ce qui nous rassemble. A ce qui nous fait avancer. A ce qui nous fait grandir. Individuellement et collectivement. A ce qui donne confiance.
Des menaces de censure avant même qu’un gouvernement ne soit formé, des (més)alliances d’opportunité, des postures qui remplacent les convictions, des retournements de veste pour sauver sa peau, des marchandages et chantages à gogo, des calculs tactiques : nous donnons le spectacle affligeant de responsables politiques complètement à côté de la plaque. Et irresponsables.
Les Français, lucides et las, observent avec une colère froide l’effondrement d’un système politique devenu théâtre d’egos. Selon un sondage Elabe, 86 % d’entre eux estiment que la classe politique n’est pas à la hauteur. Et comment leur donner tort ? Et pendant ce temps, les crises s’accumulent : les tensions internationales s’intensifient, les finances publiques se détériorent, l’économie piétine, les inégalités se creusent et les Français en ont ASSEZ.
Cette irresponsabilité politique a un coût : celui de la confiance, celui du crédit, celui de l’avenir. Nos finances publiques s’enlisent, notre note souveraine est dégradée, nos entreprises vacillent. La France, autrefois pilier de l’Europe, semble nue face à elle-même, exposée à la spéculation financière comme à la désinformation venue de l’étranger.
Pendant que Moscou manipule nos débats, pendant que Washington regarde ailleurs, Paris joue avec les allumettes. L’instabilité est devenue la norme, le cynisme une habitude.
Le monde, lui, avance : transition énergétique, révolutions technologiques, recomposition des puissances. Et nous ? Nous débattons de symboles, de personnes, de tactiques, de places. Le court terme a tué le sens du cap.
Et je refuse cette spirale d’irresponsabilités, ce désordre invariable, ce cynisme impuissant et ce chaos alimenté par ceux qui veulent juste que tout soit anarchie et débâcle.
Je refuse que la résignation s’installe, que la lassitude prenne le pas sur l’espérance, que la fatalité s’empare des Français et des élus qui continuent de se battre, pour les autres, et qui croient en la possibilité de s’en sortir, pour tous. Pour notre pays. Pour les Français. Ce serait la porte ouverte à tous les extrêmes, à toutes les démagogies, à toutes les dérives.
Je crois à la possibilité d’un sursaut, à la responsabilité de ceux qui refusent le naufrage, qui aiment la France plus que leur camp et qui veulent encore y croire. Quelles que soient les étiquettes. Ce sursaut suppose du courage : le courage de parler à ceux qui pensent différemment, de porter des convictions nuancées, de chercher des compromis, de remettre l’intérêt général au centre. Il suppose aussi de la fidélité : fidélité aux valeurs républicaines, à l’humanisme, à l’esprit de responsabilité.
Chacun, à son niveau, porte une part de responsabilité : les dirigeants qui manquent de courage, les oppositions qui confondent obstruction et opposition, les élus qui préfèrent exister sur les plateaux plutôt que sur le terrain. Et parfois même nous, citoyens, qui entretenons cette défiance, cette ironie systématique, ce besoin de spectateurs plus que d’acteurs.
Aujourd’hui, la France a besoin de lucidité, pas d’hystérie. De courage, pas de cynisme.
Il est encore temps d’enrayer cette spirale.
Mais il faut pour cela que chacun retrouve le sens du collectif, de la mesure et du service, ces valeurs qui font tenir la République debout.
Alors maintenant, maintenant il est grand temps de tendre la main, de bâtir des ponts, de défendre un compromis pour le pays, de construire de nouvelles manières de gouverner, de trouver des accords sur un certain nombre de projets. Et c’est possible : j’en suis persuadée.
Parce qu’aimer la France, c’est vouloir la servir, même quand tout semble vaciller. C’est refuser la tentation du chaos.
Et c’est croire encore qu’un chemin d’unité, de responsabilité et d’espérance reste possible – à condition d’en avoir le courage. Ne baissons pas les bras ! C’est possible. J’y crois. Et je me bats et me battrai pour. Toujours.